mercredi 21 juin 2017

Coup de gueule BD : Le Club des prédateurs




Une fois n'est pas coutume, zoom sur un diptyque que j'ai détesté, il n'y a pas d'autres mots. Dommage que j'aie voulu attendre d'avoir le tome 2 pour entamer la lecture du tome 1, sans quoi j'aurais économisé une quinzaine d'euros. Je fais rarement de mauvais choix mais je ne me souviens pas avoir déjà eu une telle déception. Ni un tel sentiment d’écœurement.

L'histoire se réclame d'un thriller glissant dans l'horreur et, de ce point de vue là, il n'y a pas tromperie sur la marchandise : l'ensemble est glauque à souhait, malsain de bout en bout. Mais il est surtout d'un extrême mauvais goût qui ne grandit pas leurs auteurs, la scénariste Valérie Mangin et le dessinateur Steven Dupré. 

Sous prétexte de décrire, dans le Londres de 1865, des adolescents aux prises avec le "Bogeyman", le croque-mitaine qui terrorise les enfants, en y mêlant une organisation secrète, le bien-nommé club des prédateurs, et une lutte des classes d'où émergent tous les clichés et autres lieux communs, Mangin nous sert un plat indigeste et ne recule devant rien : enfants enlevés, mutilés, découpés, mangés, violés... rien ne nous est épargné et rien n'est suggéré. Scénariste et dessinateur semblent se complaire dans ce ballet monstrueux aussi navrant que vain.

Et même si on arrivait à occulter cette complaisance présente à chaque page au prix d'un effort surhumain, rien ne serait à sauver pour autant : la dénonciation du fossé entre les classes sociales est trop appuyée et outrancière dans son traitement pour être sincère, les dialogues sonnent faux, il n'y a aucune empathie pour les personnages, qu'ils soient bourreaux ou victimes, tant ils constituent un patchwork de tout ce qui a été vu ou écrit depuis des siècles. Il ne subsiste qu'une violence gratuite, seul substrat d'un ensemble sans âme et surtout sans intérêt.

Le dessin est d'un classicisme sans nom, dépourvu de la moindre patte artistique et de la moindre étincelle d'émotion. Dupré enquille les scènes de mauvais goût sans le moindre génie, la moindre once de pertinence dans la mise en scène. Sans le moindre talent. D'ailleurs, si le pitch de départ n'était pas aussi horrible pour malheureusement se suffire à lui-même, le dessin se révélerait incapable de distiller la moindre atmosphère de terreur. Le pouvoir de la suggestion étant absent, alors qu'il s'y serait pourtant idéalement prêté, l'impression de profond gâchis ne nous quitte pas jusqu'à la fin, aussi risible et mal foutue que le reste.

Ce n'est qu'un avis de lecteur. Il n'engage donc que moi. Mais vous aurez compris que je ne vous le recommande pas.
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